Une première observation révèle la fragilité de la position française et européenne, malgré les efforts de concentration au sein de grands groupes tels que Renault Nissan ou Stellantis. Cette fragilité se révèle particulièrement face à l'émergence de géants de l'électrique, dont la montée en puissance pourrait façonner le marché français et européen de demain.

Toutefois, il est essentiel de noter que les politiques publiques adoptées par les différents continents tendent à converger, malgré les discours annonçant une "dé-mondialisation" ou des modèles politiques de plus en plus antagonistes.

I. Un volontarisme global

Le volontarisme se voit au niveau global du point de vue des entreprises, des gouvernements et des constructeurs, travaillant souvent de concert avec les pouvoirs publics. En l’occurrence, l'UE est le marché avec les ambitions les plus fortes, mais la Chine est celui où les objectifs sont les plus proches dans le temps.

Sur le plan des investissements en R&D, une corrélation intéressante se dégage : ces investissements sont généralement proportionnels à la part des revenus provenant des ventes de véhicules électriques. Des exemples concrets, tels que Mini-Rolls Royce visant une ligne 100% électrique d'ici 2030 ou Porsche ciblant 80% de ventes en électrique d'ici la même année, illustrent cet engagement croissant des fabricants envers la mobilité électrique.

En 2022, les dépenses vers les VE ont atteint 425 milliards de dollars, soit une augmentation de 50% par rapport à l'année précédente. Bien que les gouvernements augmentent leurs dépenses absolues, leur contribution relative diminue, soulignant ainsi l'implication croissante du secteur privé dans le financement de cette transition.

Cependant, cette transition n'est pas sans son lot de défis. La concurrence acharnée entre les fabricants de VE, exacerbée par la guerre des prix menée par les entreprises chinoises, crée un marché dynamique mais complexe. En 2022, la capitalisation boursière des entreprises d'EV a subi des fluctuations, principalement en raison de la chute de Tesla, bien que celle-ci demeure le fabricant d'EV le mieux valorisé sur le marché, bénéficiant d'une forte confiance des investisseurs.

Les chiffres révèlent également une dynamique intéressante au niveau des parts de marché des EV à l'échelle mondiale en 2022 : BYD domine avec 18%, suivi de Tesla avec 13%, VW avec 8% et d'autres acteurs majeurs tels que GM, Stellantis, Hyundai, BMW, Geely-Volvo, Mercedes et Renault Nissan.

En outre, le marché chinois représente désormais 45% de toutes les ventes de VE, une augmentation significative par rapport à 2015. Cette domination chinoise incite même des acteurs majeurs comme Stellantis à envisager des fusions pour rester compétitifs sur ce marché en expansion.

II. La production de valeur au long de la supply chain

Du côté de la production de valeur le long de la chaîne d'approvisionnement, malgré des améliorations de performance (d'ailleurs supérieurs à celles de fabricants de véhicules électriques), la marge moyenne des fabricants de batteries a diminué de manière significative, passant de 30% à 20% entre 2015 et 2022. Cela s'explique en partie par :

  • Une forte volatilité des prix des métaux rares, nécessaire à la fabrication de batteries
  • Une intégration verticale croissante, à l'instar de Tesla, qui cherche à réduire les coûts en internalisant la production de batteries.

L'écosystème se structure et le modèle se stabilise. Le fabricant chinois CATL représente 40% du marché mondial.

III. L'évolution du commerce international

Enfin, l'évolution du commerce international apporte un éclairage crucial sur les dynamiques économiques en jeu. La Chine émerge comme le plus gros exportateur de véhicules électriques, tandis que l'Europe se positionne comme son principal partenaire commercial sur le plan des batteries et des voitures électriques. Cette évolution reflète un changement de paradigme alors que la Chine passe d'une importatrice nette de voitures à une puissance dominante dans le commerce mondial, alors que l'Europe, autrefois exportatrice nette, se tourne désormais vers le marché en plein essor des véhicules électriques.

En conclusion, le Electric Vehicle Outlook offre une vision fascinante de l'évolution globale de l'industrie automobile vers une mobilité plus propre et durable. Malgré les défis persistants, notamment en termes de concurrence et de rentabilité, l'engagement sans précédent des acteurs industriels et gouvernementaux montre que la transition vers les véhicules électriques est désormais une réalité incontournable, façonnant non seulement l'avenir de l'industrie automobile, mais aussi les dynamiques du commerce international.

Source originale : EV Outlook 2023, International Energy Agency

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